Mai 2011
Philippe Le Ferrand
Au départ Philippe
Le Ferrand faisait de la sculpture, surtout des nus. Des bois flottés aussi.
Puis il s’est mis à photographier ses œuvres en les mettant en scène à
l’extérieur, avec de l’eau, du sable… Les paysages, infinis, sont souvent les
mêmes : la baie du Mont Saint-Michel à marée basse, avec son sable
gris ; la plage de la Torche à marée basse, avec son sable blanc ;
les « sables d’or » du Cap Fréhel, et les sables noirs de la Réunion.
De fil en aiguille, fatigué de déplacer ses sculptures, Philippe en est venu à
pratiquer le « collage » sur ordinateur. Aujourd’hui, il fait de la
« photographie plasticienne ». Son exposition regroupe 24 photos,
toutes sont des tirages uniques.
Des œuvres très réfléchies. Mais à la différence d’un
certain nombre d’artistes contemporains, Le Ferrand n’invite pas le visiteur à
un pensum. C’est même tout le contraire : « Je veux que les gens soient pris par le sentiment esthétique
brut. Je ne veux surtout pas qu’ils réfléchissent, mais qu’ils soient happés
par l’image.» En jeu ? Les émotions primaires, celles que l’on vit quand
on est petit enfant. La joie, la surprise, l’angoisse d’abandon, l’angoisse
d’envahissement … Philippe s’amuse à perturber notre perception de la réalité
en troublant les repères habituels : le proche, le lointain ;
l’énorme, le minuscule ; le dur, le mou ; le solide, le
mouvant ; le sec, le mouilllé…
Forcément, avec ce genre de préoccupations, on se retrouve confronté aux surréalistes. On devinera Dali, Yves Tanguy, Max Ernst (pour les textures et la notion de collage), ou encore Magritte. Le land-art est présent, lui aussi, certaines compositions végétales et minérales évoquant Nils Udo par exemple. Le titre de l’expo, « Je me suis senti devenir sable » est, quant à lui, emprunté à Henri Michaux : après une expérience sous hallucinogène, le poète s’etait senti s’effriter, tomber en poussière…une des fameuses émotions primaires.
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